enfant qui joue motricitéApprentissage

Pourquoi et comment favoriser la psychomotricité ?

Peddy CALIARI – Enseignant-chercheur Laboratoire CRILLASH Université des Antilles

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Le développement harmonieux de l’enfant passe par le développement de sa motricité. Dans les premières années de sa vie, l’enfant s’épanouit et développe ses compétences motrices, cognitives et sociales essentiellement par le jeu. Il est donc essentiel de le laisser jouer.

PARTIE 1 : « Apprendre à être mieux à l’aise dans son corps tous les jours »

L’enfant peut et doit être sollicité quotidiennement dans sa motricité.

Pour favoriser un développement complet, il importe de faire des activités qui sollicitent l’ensemble de la motricité.
Il importe également de s’impliquer dans la pratique avec son enfant, car il ne faut pas oublier que nous sommes ses premiers modèles. Faire avec lui va renforcer sa motivation et son investissement dans les jeux proposés.
Le fait de l’encourager régulièrement va également renforcer sa confiance en lui et son estime de soi. En effet, un enfant qui sent que l’on s’intéresse à lui et qu’on lui fait confiance est un enfant qui sera moins enclin à manquer d’assurance par la suite.

Cependant, faire avec lui ne signifie pas faire à sa place. La psychomotricité doit être un moyen de
rendre l’enfant plus autonome. Par exemple, on peut faire de la psychomotricité quotidiennement avec les plus jeunes en les laissant s’habiller seul et ne pas intervenir systématiquement « même si l’on en meurt d’envie » (surtout le matin avant d’aller à l’école, mais si cela prend vraiment trop de temps, on peut se rattraper le soir…) ; en leur demandant de nous aider à mettre la table, de nettoyer les miettes, passer le balai, faire leur lit, monter les escaliers en courant, etc.

PARTIE 2 : « Quoi faire ? »

Solliciter la motricité sous toutes ses formes.

On peut tout à fait envisager d’instaurer un rituel avec l’enfant qui servira également de « sas de décompression» entre l’école et la maison. De nombreux parents trouvent que leur enfant est agité, turbulent voire désobéissant en rentrant de l’école. Il faut garder en tête que l’enfant vient de passer parfois 10 heures sans avoir vu ses parents; le message qu’il essaie de nous faire passer avec plus ou moins de réussite, c’est « coucou, je suis là ». Malheureusement, après une dure journée de travail, nous ne sommes pas toujours enclins à le suivre dans ce type de sollicitation.
Exemples :
Solliciter la motricité globale passe par la course, les sauts, ramper, sauter, rouler, marcher à 4 pattes, travers un pont imaginaire, se tenir sur un pied, lancer, pousser, tirer, s’étirer, se pencher, lever une jambe en fermant les yeux, mettre les bras à l’horizontal en fermant les yeux, lever le bras gauche, la main droite à un signal, etc.
Solliciter la motricité fine passe par les activités de manipulation, de préhension comme le graphisme, le dessin, la peinture, le découpage, les jeux de construction, les puzzles, qui sont un peu moins « remuantes ».

PARTIE 3 : « Le plus tôt sera le mieux ! »

Solliciter la motricité de manière précoce.

« Le plus tôt sera le mieux » pourrait-on dire. En effet, dès le plus jeune âge, avant même de savoir marcher, l’enfant cherche à explorer son environnement, et cela passe par la découverte de ses capacités motrices. Jean Piaget (spécialiste mondialement connu pour ses travaux en psychologie du développement) parle d’ailleurs d’intelligence sensorimotrice pour la tranche d’âge de 0 à 2 ans. Autrement dit, l’enfant va découvrir le monde qui l’entoure à travers ses sens et sa motricité. Il est donc essentiel de multiplier et diversifier les expériences motrices.

Exemples :
Dès les premiers mois, on peut solliciter ce que l’on appelle la coordination visuo-motrice à travers des jeux qui nécessitent que l’enfant suive un repère du regard. Comme déplacer un objet (jouet, ballon) de gauche à droite, de haut en bas, le tendre vers lui, l’éloigner, pour qu’il essaie de l’attraper, etc.
Plus tard, encourager ses déplacements à 4 pattes, favoriser les roulades (sur les côtés, vers l’avant, vers l’arrière) en l’accompagnant. Solliciter sa motricité fine (motricité des mains, des doigts) est également important, car cela lui permettra d’être plus à l’aise par la suite lors de la tenue du crayon lorsqu’il apprendra à écrire.
Toutes les activités de manipulation sont les bienvenues (graphisme, dessin, peinture, puzzle, empilage de briques, jeux de construction…). Ainsi, lors des premiers pas, lui envoyer un ballon, lui demander de l’attraper, de le lancer, de le taper avec les mains (les deux, une seule), avec les pieds (les deux, un seul), de se maintenir en équilibre sur un pied, de réagir à un signal en marchant, en courant, en s’arrêtant sur place, etc.
Puis, essayer de sauter sur place, sur une jambe, alterner gauche et droite (c’est l’occasion d’apprendre à distinguer sa droite de sa gauche), courir vers l’avant, vers l’arrière.
Ne pas systématiquement les empêcher de bouger, car lorsqu’ils vont au parc, on entend souvent les parents dirent à leur enfant : « ne cours pas », « ne saute pas », « arrête de bouger dans tous les sens », c’est oublier que l’enfant est « programmé » pour bouger, pour découvrir ce monde dont il ignore encore tout. Il ne s’agit pas bien sûr de le mettre en danger, mais simplement de l’accompagner et de l’encourager à découvrir les formidables capacités en devenir de son corps.

CONCLUSION

Favoriser un bon développement psychomoteur passe par l’acquisition d’un meilleur schéma corporel, c’est-à-dire faire en sorte que l’enfant ait une meilleure représentation de son corps dans l’espace : qualité essentielle à de nombreux apprentissages, notamment l’écriture.

 

 

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