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12 PRINCIPES DE RÉSILIENCE FAMILIALE

Douze principes de résilience familiale

La période difficile que nous vivons tous actuellement nous oblige à nous confiner. Cela n’est pas toujours évident. Quelles postures prendre lorsque l’on est tous à la maison, lorsque le climat devient difficile, lorsque les enfants s’embêtent et deviennent parfois difficiles ? Que faire quand il n’y a plus l’école ? D’aucuns s’empressent de télécharger des fichiers d’exercices et transforment leur cuisine en salle de classe en prenant un statut de professeur intérimaire. D’autres multiplient les activités familiales privilégiant les jeux de société. D’autres encore ouvrent massivement l’espace télévisuel. D’autres enfin ne font rien.

Existe-t-il des orientations permettant aux parents d’avoir des lignes de conduite claires ? Le propos que nous allons développer n’a d’autre ambition que de donner quelques repères aux parents souhaitant s’investir pour leurs enfants.

Lors de nos recherches dans le cadre de la thèse intitulée « Éducation Nouvelle contemporaine, source de résilience. Traces de bonheur pédagogique», nous avons mis en évidence douze principes favorisant la résilience scolaire. Ils nous ont paru tout indiqués dans le cadre qui nous occupe : la famille peut -elle participer à une forme de résilience pour tous les enfants qui n’ont pas la chance d’avoir un passé heureux et épanouissant ? Nous avons donc adapté ces principes au service d’une résilience familiale.

Un premier principe est strictement instiutionnel. La décision d’un confinement constitue peut-être une nouvelle approche des relations au sein des familles. La perspective de nouveaux développements est en effet nécessairement liée à un changement de contexte : plus d’instituteur(trice), des pratiques différentes, un environnement matériel lié à ce qui est disponible à la maison, plus de trajets vers l’école, plus de contacts avec les condisciples, … Le changement crée une rupture nette avec le vécu antérieur.

Un deuxième principe est un mode de communication au sein de la famille basé sur l’évolution identitaire a contrario d’une communication traditionnellement basée sur la comparaison, le jugement, avec comme principal but : la perspective d’avoir un beau bulletin dès que les cours reprendront. Nous insistons fortement sur l’importance du statut de sujet conféré à l’enfant davantage qu’au statut d’objet d’actions éducatives. Par exemple, les relations au sein de la famille doivent être régulées par l’adulte sans qu’il ne fasse exclusivement référence aux performances scolaires.

Un troisième principe est de considérer que la réussite n’est pas réduite à l’acquisition de connaissances scolaires. Autrement dit, les messages envoyés à l’enfant au sujet de sa vie scolaire doivent être étendus au champ plus vaste de la réussite identitaire.

Un quatrième principe est l’acceptation d’une occupation du temps négociée avec les enfants, toujours dans une perspective d’épanouissement. La gestion horaire partagée et acceptée permet de se projeter et de s’investir dans les activités.

Un cinquième principe consiste à proposer des activités qui soient un puissant levier d’investissement dans la tâche. Autrement dit, que les exigences et la difficulté soient acceptées et perçues comme une reconnaissance de l’intelligence. Ajoutons qu’elles doivent être considérées comme surmontables, en partie grâce à l’environnement proposé et au soutien de l’adulte.

Un sixième principe est d’organiser des rencontres intra-familiales de manière récurrente, du moins quand il y a plusieurs enfants au sein de la même fratrie. Celles-ci doivent se faire tant dans le domaine précis des sollicitations cognitives que dans les multiples composantes d’une vie en commun à la maison. Nous pensons particulièrement aux situations de coéducation par les pairs à la cuisine, au jardin, dans le salon, par le sport, avec des jeux collectifs, …

Un septième principe concerne les recherches ou activités que l’on fait à deux ou plus… Il est nécessaire de laisser chacun effectuer une recherche (ou un essai) personnelle préalable ou d’exprimer son avis, pour ensuite se confronter aux propositions des autres. Dans ce cadre, la socialisation peut s’opérer et améliorer les relations internes.

Un huitième principe est d’utiliser la responsabilisation, le dialogue et la négociation en lieu et place de la punition. Partant du principe que cette dernière est pour nombre d’enfants une des rares traces d’identité scolaire, nous pensons que son abandon est nécessaire. Il n’est pas question de faire preuve de laxisme, mais bien de marquer son désaccord de manière ferme devant les comportements indésirables.

Un neuvième principe est d’adopter une posture conative traduite par l’idée que la réussite des uns ne doit pas être légitimée par l’échec des autres. Dans les faits, la comparaison des résultats ou productions n’est pas organisée dans une visée hiérarchisante. Chacun des enfants est considéré comme étant en état de bien grandir et d’apprendre. L’hétérogénéité n’est pas niée, ni ignorée mais bien objet de gestion par des pratiques et attitudes respectant les différences.

Un dixième principe consiste à accorder une valeur à chaque activité proposée. Cela implique d’interroger la pertinence de chacune des activités proposées et d’en évaluer l’effet sur les enfants. En d’autres termes, les activités « occupationnelles » sont à éviter si elles provoquent de l’ennui chez les enfants concernés. L’activité aura du sens à leurs yeux s’ils perçoivent la valeur que lui accorde l’adulte.

Le onzième principe consiste à adopter un recul prudent et éclairé au sujet des étiquettes de trouble et/ou déficit scolaires. En effet, nombre d’enfants portent les stigmates de ces étiquetages parfois abusifs. Sans nier les difficultés que peuvent avoir certains enfants à l’école, les parents doivent se détacher de ces étiquettes pour adopter une relation bienveillante et rigoureuse chez eux.

Le douzième principe a trait aux sorties culturelles et à l’exploitation de l’environnement extérieur au domicile. Si les contraintes liées au confinement réduisent fortement ce champ d’activité, certaines sorties (autorisées) sont très bénéfiques. Nous pensons particulièrement aux promenades en famille : cette activité participe grandement à une forme d’humanisation, à une approche du bonheur.

Précisons que ces douze principes ne sont pas « mono-typiques » : ce qui a convenu à l’un n’est pas nécessairement utile pour d’autres. Par ailleurs, le temps pendant lequel l’application de ces principes s’avère nécessaire est très variable. Il dépend en effet de l’état de fragilité identitaire des individus. Certains d’entre eux sont plus « réactifs » à certains principes que d’autres, ceci étant directement lié aux parcours et aux souffrances qu’ils ont vécus.
Nous dirons pour terminer que l’espace familial participe grandement à construire, rencontrer ou simplement espérer le bonheur. Ces douze principes convergent vers une seule étoile : vivre des expériences positives pour augmenter le plaisir d’être à la maison.

Léonard GUILLAUME
Instituteur – Docteur en Sciences de l’Éducation
Avril 2020

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