Peddy CALIARI – Enseignant-chercheur Laboratoire CRILLASH Université des Antilles

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L’enfant n’est pas constamment en mouvement, il y a des moments où il n’est pas en activité car il ne ressent pas le besoin de l’être ou parce que l’on ne lui propose pas quelque chose à faire.
Ces phases inactives sont propices à ce que l’on appelle « le décrochage ». Durant ces phases, l’enfant « récupère ». En fait, son cerveau fait une pause afin d’assimiler les apprentissages de la journée. Ce sont également des moments propices à la réflexion, à la focalisation de son attention sur ce qui l’entoure, ce qu’il ressent. Ces différentes périodes participent au bon développement de l’enfant. Il est donc important que l’adulte lui laisse la possibilité de ne rien faire ou le laisse libre de se trouver une occupation.

PARTIE 1 : «Accepter de ne pas le stimuler en permanence»

L’enfant a besoin de pouvoir faire des pauses afin d’assimiler les apprentissages.

Il existe différents types de pause. Les « pauses restructurantes» sont des phases liées à son rythme biologique. Il en a besoin pour pouvoir enchaîner avec une autre activité. Il s’agit en fait d’alternance entre des phases actives et inactives. Si l’on veut que l’enfant soit au mieux de sa forme intellectuelle et physique, il faut lui laisser des temps durant lesquels il ne sera pas stimulé.
Des moments de repos, de calme. Il ne viendrait pas à l’idée des parents d’empêcher leur enfant de dormir lorsque l’on sait l’importance que revêt le sommeil dans la consolidation des apprentissages de la journée et dans le bon développement de l’enfant. Et bien, c’est la même chose pour ces pauses qui ont lieu durant la journée et qui ne durent généralement pas longtemps (pendant quelques instants, l’enfant a les yeux dans le vague, il semble rêvasser); elles lui permettent de mieux assimiler.

PARTIE 2 : « Je m’ennuie ! »

Laisser par moments l’enfant libre de ses choix pour favoriser son épanouissement.

Les enfants disent généralement qu’ils s’ennuient lorsqu’ils n’ont pas d’autres enfants ou des
adultes avec qui jouer. Les parents ont tendance à vouloir occuper l’enfant à tout prix en lui  proposant de nombreuses activités. Les emplois du temps de nos enfants sont souvent surchargés entre l’école, les activités sportives et culturelles, et particulièrement rythmés. Dès le lever jusqu’au coucher, tout est minuté, programmé. Au final, les enfants ont assez peu de moments libres, du temps pour décider de ce qu’ils veulent faire.
Ces moments durant lesquels l’enfant donne l’impression de s’ennuyer sont des moments propices à la réflexion, à la focalisation de son attention sur ce qui l’entoure, ce qu’il ressent. L’enfant va devoir puiser en lui, être à l’écoute de son ressenti et de ses envies.
À travers « cet ennui », l’enfant va pouvoir réfléchir à sa prochaine activité. En somme, cela stimule sa créativité, son imagination. Il va s’inventer des histoires. Autant de manières de s’évader et de ne pas appréhender les moments où il se retrouvera seul. On parle dans ce cas d’intelligence intrapersonnelle. Au même titre qu’il est essentiel que l’enfant explore l’environnement qui l’entoure et développe ses compétences sur le plan des interactions avec ses camarades et les adultes (on parle d’intelligence interpersonnelle), il est également important qu’il soit capable d’explorer son environnement intérieur, d’imaginer, de créer. Ces moments sont de véritables espaces de créativité.

Exemples :
Il ne faut pas hésiter à aménager des pauses dans les emplois du temps souvent surchargés de nos
enfants. On peut ainsi débuter une activité avec l’enfant, puis progressivement se mettre en retrait
en continuant à l’encourager. « Il est très beau ton dessin ! », « Quelles autres couleurs vas-tu
choisir ? »
Le fait de poursuivre l’activité tout seul va favoriser progressivement l’émergence de nouveaux
comportements en apprenant à imaginer la suite de son activité, à en créer de nouvelles. Cela
permettra également de renforcer leur confiance en eux, ainsi que leur autonomie.

CONCLUSION

L’enfant peut donc donner par moments l’impression de s’ennuyer, mais ce n’est pas forcément le cas. Ces phases où il donne l’impression de ne rien faire sont importantes car elles vont permettre « une remise à zéro du système » pour pouvoir repartir du bon pied. Ce sont des moments qui participent à l’épanouissement de l’enfant, car c’est lui qui décide de ce qu’il veut faire. Il est seul, face à lui-même, il a le choix de faire ou de ne pas faire, rien ne lui est imposé. Il en retire du plaisir dans la mesure où c’est lui qui décide. Il ne faut pas oublier qu’un enfant qui n’a pas de plaisir, c’est un enfant qui apprendra plus difficilement, voire pas du tout.