enfant et téléEducation

Les enfants et la télévision

Peddy CALIARI – Enseignant-chercheur Laboratoire CRILLASH Université des Antilles

Les écrans et la télévision peuvent être d’excellents supports d’éducation et d’apprentissage dès
lors que les programmes visionnés sont adaptés à l’âge de l’enfant.
Les activités liées aux écrans et à la télévision ne doivent pas se faire au détriment des autres. La télévision ne remplacera jamais un adulte ou un autre enfant lorsqu’il s’agit de communiquer ou de jouer.
Il est donc fondamental de respecter les affichages qui apparaissent en bas de l’écran lors de la diffusion des programmes. Le fait qu’un programme télévisé soit déconseillé à un enfant de moins de 10 ans n’est pas anodin. C’est parce que l’enfant n’a pas la maturité suffisante pour l’apprécier.

PARTIE 1 : « Choisir le programme le plus adapté pour son enfant »

L’enfant ne doit pas se retrouver en permanence seul devant la télévision.

Il importe que les parents ne laissent jamais leur enfant seul devant la télévision. Il est essentiel de
visionner le programme avec son enfant, même s’il est diffusé sur une chaîne destinée au jeune
public. Le fait qu’un programme soit diffusé sur ce type de média ne garantit pas toujours que son contenu soit adapté.

Exemples :
Bien souvent, les parents allument la télévision, cherchent un dessin animé et en profitent pour
vaquer à leurs occupations (préparer le repas, répondre au téléphone ou tout simplement souffler
un peu). C’est ce qu’il faut changer.

Les parents doivent savoir de quoi il s’agit, ne serait-ce que pour pouvoir en discuter avec leur
enfant et échanger avec lui (« Comment s’appelle cet animal ? » « Quelle est la couleur de la robe
de la pe>te fille ? », etc.). Rappelons-le, meWre l’enfant seul face la télévision quel que soit son âge
reste poten>ellement néfaste pour son bon développement.

On peut tout à fait envisager après l’école de s’asseoir devant la télévision avec son enfant et
regarder son dessin animé favori. Les programmes adaptés durent en général entre 15 et 20
minutes, ce qui permet de faire d’autres choses par la suite. Il importe de s’assurer que le
programme convient à l’enfant et là, c’est le bon sens qui prévaut. Tous les comportements
violents, voire immoraux, toute forme de vulgarité sont bien entendu à proscrire. C’est la raison
pour laquelle, il importe que les parents prennent le temps de visionner le programme afin de
pouvoir expliquer à leur enfant pourquoi il ne leur convient pas.

Il ne faut donc pas hésiter à intervenir et interdire à l’enfant de regarder les programmes jugés
inadaptés en lui expliquant pourquoi ils ne conviennent pas (« Ce dessin animé est vraiment trop
violent », « Tu risques de faire des cauchemars », « Ils ne sont vraiment pas gentils dans ce dessin
animé, on va regarder autre chose »).

PARTIE 2 : « Quel programme pour quel âge ? »

La règle « 3-6-9-12 »

Plus l’enfant est jeune et plus il importe que les parents soient vigilants sur ce qu’ils laissent regarder à leur enfant.
À 3 ans, l’enfant n’est pas en mesure de faire clairement la distinction entre ses dessins animés et
la publicité et cela les annonceurs l’ont bien compris. C’est la raison pour laquelle ils entretiennent
le flou en utilisant les mêmes codes que les dessins animés des enfants. Il importe donc que les parents expliquent aux enfants la différence entre les deux. La publicité est généralement annoncée, il faut donc indiquer à l’enfant que c’est la publicité et que ce n’est plus son dessin animé. Assez rapidement, si cela est fait dès le début, l’enfant pourra faire la distinction et demander à ses parents de changer de chaîne.
Certains dessins animés sont bien évidemment plus adaptés que d’autres pour ce jeune public.

Exemples :
Les Petits Einstein (vocabulaire, musique, rythme, histoire, calcul)
La Maison de Mickey (vocabulaire, calcul, résolu>on de problèmes)
Peg + Chat (vocabulaire, calcul, résolu>on de problèmes)
Le Village de Dany (vocabulaire, le vivre ensemble, morale)
Manny et ses outils (vocabulaire, découverte de l’espagnol)
Dora L’Exploratrice, Diego L’Explorateur (vocabulaire, découverte de l’anglais, résolu>on de
problèmes, morale).

À partir de 6 ans, l’enfant est déjà plus mature sur le plan affectif et intellectuel, mais cela ne doit
pas empêcher les parents de conserver un droit de regard sur ce qui est visionné à la télévision. Ici
encore, c’est le bon sens qui doit l’emporter. Même si la priorité doit être donnée aux chaînes
destinées à la jeunesse, cela ne garantit malheureusement pas toujours le fait qu’ils soient adaptés. En effet, les dessins animés dits « Mangas » (style « Dragon Ball ») ont ceWe par>cularité de susciter l’addiction à travers des plans très rapides, des variations importantes de l’intensité de la bande-son et des rebondissements. Ces dessins animés sont clairement à proscrire à cet âge.
D’autant plus que les valeurs positives véhiculées sont parfois difficiles à identifier (apologie de la violence, gagner par tous les moyens, irrespect de l’adversaire, etc.).
Encadrer le temps passé devant la télévision est également important. Entre 3 et 6 ans, 20 à 30 minutes en rentrant de l’école sont largement suffisantes. Le reste du temps pouvant être occupé par d’autres activités (par exemple, aider à préparer le repas, meWre la table, dessiner, lire, jouer ou tout simplement faire une pause et ne rien faire).

Pour les plus âgés (9-12 ans et plus), il importe d’expliquer aux enfants les règles implicites de la
télévision (publicité, marketing). Leur faire prendre conscience qu’ils sont de potentiels
consommateurs, des cibles marketing et qu’ils doivent devenir des citoyens avertis dotés d’un
esprit critique vis-à-vis de ce qu’ils regardent.
Étant donné la situation actuelle de confinement, il peut être tentant de laisser l’enfant seul devant la télévision (ou devant son écran). D’autant plus que les parents qui ne sont pas physiquement présents ne peuvent pas forcément contrôler ce que regardent leurs enfants. Néanmoins, il importe d’essayer de fixer des règles à respecter, notamment afin de baliser les journées de l’enfant. Il importe de con>nuer à avoir un rythme, mais s’il n’est pas aussi strict que durant l’année scolaire.

Par exemple :

  • 9h30 : début du travail scolaire
  • 11h30 : fin du travail scolaire
  • 12h : pause déjeuner
  • 14 h : loisirs libres (télévision, jeux vidéos, tableWe, peinture, dessins, jeux de société, jeux de rôles…)
  • 16 h : activités physiques variées selon les possibilités.

Pour les plus âgés (9-12 ans et plus), enchaîner deux heures de travail scolaire est suffisant. Pour
les plus jeunes (moins de 9 ans), une heure de travail est suffisante. Mieux vaut plutôt miser sur
la qualité que sur la quantité. Il importe que l’enfant conserve ou (re)découvre le plaisir de faire
ses devoirs. Mieux vaut assurer 30 minutes (au début) de travail avec le sourire que 2 heures
avec des larmes. Cela est d’autant plus important que les émotions jouent un rôle essentiel dans
l’apprentissage. Pour faire simple : émotion(s) = mémorisa>on ; autant faire en sorte qu’elle(s)
soi(en)t positive(s).
Ce moment si particulier que nous sommes en train de vivre peut être l’occasion de se retrouver
en famille et profiter de moments de qualité sans culpabiliser si l’on ne vient pas à bout du
programme scolaire. Les enseignants sauront prendre le relais une fois le confinement achevé.

CONCLUSION

La télévision tout comme l’ordinateur et/ou la tablette peuvent être de formidables outils, car ils permettent l’accès à d’innombrables connaissances, mais ils peuvent également perturber le bon
développement de l’enfant lorsque les programmes visionnés ou les logiciels/applications ne sont pas adaptés.
Il importe donc aux parents d’être très vigilants et de prendre le temps de s’assurer que ce que
regarde leur enfant convient. Il est également important d’échanger sur ce qui est regardé, car c’est
surtout à travers les interactions avec l’autre que l’enfant va développer harmonieusement ses
compétences cognitives et langagières.

Liens utiles

https://www.lumni.fr/
https://www.lumni.fr/programme/decouvre-avec-sid-le-petit-scientifique
https://www.france.tv/enfants/neuf-douze-ans/ctps/
https://www.france.tv/france-5/yetili/

 

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