covid19

Limite et confinement

Une réflexion du Docteur Alain PIERRE-LOUIS Directeur Médical de l’ACMPP

À l’attention des parents des Enfants suivis aux CMPP Max CARISTAN et LA RENCONTRE
Des autres parents
Des enfants eux mêmes
De ses collaborateurs des deux structures
et nos nombreux partenaires…

Madame, Monsieur,
Nous sommes apparemment, en situation de guerre face à un ennemi invisible mais pas
immatériel.
Le pays est en alerte.
Dans certaines régions le couvre feu est instauré.
Tous les jours, les médias font le décompte des personnes atteintes et des morts.
La menace est mondiale.
Une économie de guerre se développe pour la production de moyens de défense et de
protection.
La seule riposte dont nous disposons pour l’instant, c’est le confinement et les gestes barrières,
car sans ces précautions, nous pouvons à notre insu, devenir des alliés de l’ennemi.

Nous vivons donc actuellement un confinement qui engage notre civisme
et notre solidarité.
C’est une réponse à une crise sanitaire où manifestement notre santé,
notre vie, celle de nos proches et de beaucoup d’autres se trouve en jeu.

Mais c’est aussi une opportunité pour nous, de penser la question de la
limite.

La limite: qu’elle est son intérêt, son apport, son avantage,
ou plutôt
qu’est ce que son non respect engendre, occasionne, comme risque, comme danger, voir comme dommage???

En ce temps où l’illimité, synonyme de puissance mais aussi de liberté, a le virus en poupe, nous constatons ses ravages autant pour l’humanité que pour la planète.

Nous sommes alors contraints maintenant, pour notre survie, de nous arrêtez, de respecter des gestes barrières et un confinement.
Nous devons nous tenir dans des limites étroites pour ne pas transmettre ou faciliter la transmission d’un agent mortifère et, nous protéger .
Le non respect de cette limite est une atteinte à notre santé mais aussi à celle de l’autre. Cela peut aller jusqu’à la mort surtout si l’autre est fragilisé par un état de déficience ou de risque.
Ce temps de distanciation social mais aussi paradoxalement de plus grande proximité avec nous mêmes, notre famille et nos proches interpelle le type de relation, de lien que nous avons avec nous même et notre prochain.

A l’évidence il apparaît qu’il y’a des limites qu’il est souhaitable de ne pas dépasser pour rester en paix avec soi comme avec son entourage.
La violence dans nos propres familles, dans le couple ou avec les enfants, menace.
Rester en paix, c’est le respect que l’on se doit mais que l’on doit aussi à l’autre.
Pour cela il faut pouvoir se contenir, repérer les limites et ne pas laisser sa généreuse impulsivité ou nos peurs, nos angoisses nous envahir, nous faire perdre tout contrôle, toute mesure, et passer dans l’excessif sous prétexte de se sentir vivre et libre même si ça blesse.
En même temps c’est aussi l’opportunité d’accueillir l’autre, et aussi nous même, avec ses limitations, ses imperfections, ses handicaps et faire preuve de tolérance surtout avec ceux qui veulent être parfaits .

En effet la perfection est une limite vers laquelle nous pouvons tendre mais qui n’est jamais atteinte… sauf dans certains délires.
Il y donc de la place pour l’amour et pour la bienveillance.
Sur ce chemin de l’amélioration de soi, nous avons a assumé notre rôle d’éducateur ou de pédagogue surtout envers les enfants dont nous avons la charge mais aussi les autres.
On peut noter au passage, ce va et vient permanent entre soi et l’autre, tout en constatant que nous sommes aussi un autre pour nous même.
Toute la question est dans le comment ça va et ça vient.
C’est là que la distance, le fait de se contenir, de respecter ses limites, de ne pas déborder ou se laisser déborder prend du sens, du non sens, ou devrait tomber sous le coup du bon sens si on ne l’a pas perdu entre temps.

En effet c’est le repérage de la limite, du cadre qui nous donne le bon sens,
sinon notre interprétation est ouverte à tous vents, ceux de notre imagination qui peut être effrayante à certains moments.
Ainsi si notre réflexion est court circuitée, nos comportements, attitudes, postures, même s’ils sont réflexes sous les coups de la douleur, ne risquent pas d’améliorer la situation.

En général ils l’aggravent.

Mais si notre réflexion n’est pas court-circuitée, nos valeurs, nos objectifs nos aspirations peuvent être pris en considération par nous même et la réponse ne sera pas le même.

J’avoue que cela demande de l’entraînement, et le fait éducatif devrait nous y aider par des rappels à l’ordre quand cela est nécessaire.
Ce que l’on peut vivre aussi dans cette période de confinement c’est la tyrannie des désirs, des attentes des uns et des autres qui finissent par nous asservir si nous les laissons faire, si nous sommes passifs, dans un désir de plaire ou de ne pas déplaire, si nous subissons, c’est à dire si nous sommes pas en responsabilité des réponses que nous apportons ou que nous portons.

Ainsi les sollicitations permanentes, répétitives, pour un oui pour un non, des uns et des autres sont fatigantes.
En plus « ils laissent traîner leurs affaires » alors que vous venez de ranger, vous qui êtes fatigué de faire ce que vous n’avez déjà pas envie de faire, cela devient très vite du mépris, de l’irrespect, une déclaration de guerre.

Des exemples comme cela vous en trouverez plusieurs sur le même schéma que vous pouvez dupliquer aisément.
Je ne vous le recommande pas il y a bien d’autres choses à copier qui ont plus de valeur.
Cependant l’action, et donc le travail est important dans la structuration de notre temps, de notre vie,
Sous tendu en général par un projet, un désir le travail le met en oeuvre de manière structurée, coordonnée, voir harmonieuse, avec persévérance pour nous conduire vers des résultats dont nous espérons de la satisfaction.

Ce qui est une excellente nourriture que l’on peut en plus partager.
Donc rester confiné n’est pas le même projet que celui d’être en vacances, et cela ne nous dispense pas sauf à générer du malaise, de mener notre projet de vie pour notre plus grande satisfaction à tous.
La limite se présente alors comme une dimension à prendre en compte, pour trouver la bonne distance, pour que l’autre apparaisse et que nous même puissions exister de notre vivant.
La limite a besoin d’être dite, d’être mentionnée pour être.
C’est la Loi.
En sens inverse le Virus semble obéir à une loi de développement illimité dans sa reproduction, sa multiplication, sa transmission, colonisant et détruisant les organismes qu’il infeste, en s’attaquant à ses cellules, abusant de la faiblesse de ceux qui n’ont pas encore développés à son endroit des anticorps adaptés, ne respectant rien sur son passage.
Aussi, certains pensent qu’ils existerait dans notre environnement des êtres supérieurs à nous, déjà là cela ressemble à de la science fiction, ou même que l’humanité ferait parti d’un organisme plus grand.
Considérant que l’humain se comporte comme un virus de chez virus, et cela depuis la nuit des temps, de temps en temps sur cette planète terre apparaîtraient des anticorps pour que les humains restent chez eux, restent tranquilles, que la terre respire un peu et se refasse une beauté en utilisant par exemple des masques régénérants.

Codiv 19 serait ainsi le dernier Anticorps protecteur de chez Gaia, notre mère
nature.

Mais restons en à la science tout court. Elle qui ne peut se faire sans conscience pour être une bonne conseillère.
Elle peut nous permettre, par la connaissance de ce qui est, par notre réflexion de dépasser les limites de notre enfermement via nos préjugés, ignorances, erreurs, et d’apprécier ainsi la juste valeur des choses et des mystères de la vie.
Ce temps de confinement peut être propice à la réflexion, à la rectification voir à la re-création par un changement de plan, de niveau qui pourrait nous permettre de valider ou pas nos plans actuels.
Bon confinement à tous et profitons en, car il s’arrêtera aussi un jour.
Il faudra bien en sortir, et, sortir en toute sécurité…

Le 11/04/20
Docteur Alain PIERRE-LOUIS
Directeur Médical de l’ACMPP

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