> Le territoire de ma commune, ses atouts, ses problématiques
> Les écoles de quartier sont un atout en termes de proximité, les relations et la solidarité entre les parents y sont plus fortes, le lien intergénérationnel y est plus actif. Tout cela facilite les actions que les élus et les comités de quartier contribuent à mettre en œuvre

> Les écoles du centre bourg quant à elles ont un environnement tout autre puisque dynamique profitant des structures associatives, culturelles, sportives, administratives voire économiques. Ce sont autant de leviers de développement culturel et social dont jouit le jeune public. Cependant il est à constater certaines dérives liées à la centralisation des activités (attroupements de jeunes, incitation à la consommation de produits illicites, etc.)

Toutes les écoles de la commune sont équipées d’un plateau sportif et les activités peuvent s’y dérouler aisément. Elles disposent toutes également d’une salle informatique dotée d’un équipement numérique de base et d’une connexion Internet complétée quelques fois par du matériel nomade (tablettes, caméras, tableaux interactifs, etc.) pour la mise en place d’ateliers éducatifs et ludiques adaptés aux élèves.
Bien que jouissant dans leurs écoles des infrastructures citées supra, les élèves des quartiers ne peuvent accéder à toutes les activités puisque la problématique du transport demeure une priorité.
Depuis plusieurs années, la ville met en place par le biais de son service médiation-prévention, en lien avec la caisse des écoles, le soutien à la parentalité et certaines activités ont été développées. Ainsi l’accent a été mis sur deux d’entre elles : les conférences-débats et les permanences de psychothérapie qui trouvent un grand écho auprès des parents. Les permanences de psychothérapie permettent aux individus d’expérimenter des changements positifs qui se répercuteront sur leurs familles et leurs enfants ainsi que sur la réussite scolaire et sociale de ces derniers.
Les conférences-débats sont à destination des communautés scolaires et répondent à leurs préoccupations de terrain à travers différentes thématiques telles que : la fonction parentale et l’autorité, le développement affectif de l’enfant, violence et frustration chez l’adolescent, etc.
Aussi, la pandémie du Covid-19 nous obligeant au confinement vient-elle tout bousculer ? Et pour satisfaire les premiers besoins vitaux la mairie doit jouer plus que jamais son rôle d’accompagnement des plus démunis avec ses services du CCAS, comités de quartiers, caisse des écoles, élus et toute autre association de proximité.
En effet, en ce temps de confinement notre volonté de toujours accompagner les publics vers un mieux-vivre, un mieux-être nous conduit naturellement à nous tourner vers les familles les plus démunies.
Aujourd’hui, une conjonction de tous les facteurs discriminants qui aggravent des situations déjà difficiles (matérielles, sociales, familiales) nous amène à redoubler d’efforts quant à l’aide apportée à ces personnes.

> Présentation de deux familles pour lesquelles l’incidence du confinement est tout à fait différente

Christian, ainé d’une fratrie de trois enfants (un frère et une sœur) et habitant le même quartier que moi chez ses parents vivant en couple est scolarisé en CM1. Chaque matin, heureux il se rend à l’école sans s’attrister de laisser la maison où sa maman se trouve toute la journée car ne travaillant pas à l’extérieur et son père ne faisant que de l’intérim de temps en temps. Heureux, car il y retrouve ses copains avec lesquels il peut jouer, partager ses moments de découverte de l’outil informatique dans la salle commune, il y utilise le TBI et surtout à midi, il bénéficie d’un repas équilibré (sans doute le seul vrai de la journée). Durant l’interclasse, il est accompagné d’animateurs qui l’aident à faire ses devoirs, réviser ses leçons et même découvrir d’autres formes d’apprentissages (culturel, sportif, social). Il y va de découvertes en découvertes. Après l’école, il est tantôt heureux de raconter sa journée à ses parents, tantôt peureux car il risque selon leur humeur du jour, il risque de déclencher (ou subir) la foudre de ceux-ci (pourtant il les aime).

Rien à voir avec Max, dans la même classe de Christian.

Max préférerait rester à la maison avec sa PlayStation, ses jeux vidéo, sa tablette, son téléphone portable car il est vrai que ses parents -couple de salariés de la fonction publique et du commerce – ne lésinent pas à mettre les moyens pour satisfaire les besoins primaires et matériels des enfants. Max a aussi un frère et une sœur.
A l’école, il boude, fait des remarques, répond mal à l’enseignant et joue au petit chef. Il n’aime ni l’école ni les repas servis à la cantine ni l’heure d’interclasse où il dit s’ennuyer. Il n’attend que la fin de la journée pour retrouver ses jeux favoris, ses plats préférés et les explications (le moment privilégié) où papa et maman l’aideront à faire ses devoirs.
Il semble très épanoui et « gâté » à la maison mais pas plus intelligent que Christian.

Le temps qu’ont passé ces enfants à l’école constitue un facteur important de leur développement, de leur qualité de vie, et de leur réussite.
En est-il de même à la maison surtout en ce temps de confinement ? Alors que nous n’avons que peu d’inquiétude par rapport à la façon dont Max vit le confinement, qu’en est-il de Christian ? Le seul accès à Internet dont pourrait bénéficier Christian est le téléphone portable de ses parents (pour peu que leur forfait soit suffisant pour avoir accès aux cours numériques mis à disposition par l’enseignant).
« Ventre affamé n’a point d’oreilles » dit l’adage.
Que souhaite le plus Christian en ce moment ? Est-ce manger ? Est-ce apprendre à l’école ? Ou est-ce être tout simplement à l’école pour ne pas subir les foudres de ses parents ?
Quelle est la priorité des parents ? Chercher à faire lire, écrire et compter ou chercher à trouver de quoi fournir 3 repas par jour aux enfants ?
Il s’agit à partir de la connaissance du terrain pour les élus et les employés de la mairie, de jeter les premières bases des interventions urgentes à mener par rapport aux besoins de la population cible et en lien avec les préconisations du gouvernement et de l’EDILE. Notre solidarité et notre empathie sont directement interpelées.

En cette période de confinement, aider les enfants à mobiliser et développer leurs qualités personnelles et sociales pour affronter les défis de vivre et de grandir dans des contextes d’injustice sociale, de violence et de maltraitance générées par les adultes, ne fait qu’amplifier le rôle des élus locaux.
« Sans affect, tout s’arrête » Boris Cyrulnik.

Arlette CALVEYRAC